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there is nothing more dangerous than a mother protecting her cubs ❝ lorelei & elenei
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there is nothing more dangerous than a mother protecting her cubs
the ennemy of my child is my biggest ennemy”
La jeune lionne ne se souvenait point d'une année où le soleil fut aussi brûlant qui sembla sur le point d'exploser, alors qu'elle habitait bien au nord d'Hautjardin. Heureusement, la Grande Salle du château faisait office de géantes fenêtres où pénétrait doucement la brise légère de l'océan, rafraichissant quelque peu l'endroit. Lorelei avait justement le regard plongé vers cette étendue bleutée, écoutant au passage le bruit continu des vagues qui venaient frapper la falaise. Sa vie avait tellement changé, depuis le moment où ses lèvres avaient rencontré pour la première fois celles de Garett, lors de la cérémonie de mariage, alors qu'elle était triomphante dans sa robe aux couleurs des Lannister, abordant son nouveau nom comme une promesse d'un trône retrouvé. Elle avait pu refaire entièrement le jardin de Castral Roc, remplaçant simples buissons par parterres fleuris, agrémentant le tout de statues dorées. Pourtant, l'endroit ne ressemblait point à Hautjardin, mais elle trouvait au Roc une certaine flagrance de fraîcheur et de simplicité qu'elle n'avait pas connu avec le lourd parfum des roses. Finalement, son mari s'était montré à la hauteur, et avait su plaire sa dame, et bientôt la famille comptait un nouveau membre, qui avait tant été attendu. Les relations avec les dames du château s'étaient arrangées au fil du temps, et Lorelei comptait maintenant sur l'amitié de lady Elenei et lady Arianna pour agrémenter ces quelques jours de guerre. Et pourtant, rien ne paraissait, ici, où la richesse des lieux se tenait bien éloignée des coups d'épées et du sang qui coulait à flots sur les champs de batailles. Par contre, lord Garett se montrait bien souvent absent et préoccupé par les évènements, si bien que leur vie conjugale fut au ralenti. Justement, les deux jeunes lionnes travaillaient sur une géante broderie qui abordait les couleurs de la Maison, représentant le même lion d'or qui se trouvait sur chaque habit et sur chaque bouclier du Roc. La tapisserie, une fois complétée, irait trôner juste au dessus des sièges respectifs de la famille, dans la salle principale du château. Lorelei travaillait avec agilité, n'ayant auparavant guère été douée en couture, ce défaut semblait s'être ajusté avec le temps et la maternité qu'elle vivait. Soudain, un bruit se fit entendre du coin de la pièce : C'était le petit lionçeau, Tommen, qui, jouant avec son épée de bois, avait arrêté le jeu de Deana qui reconstruisait une scène d'une légende bien connue avec ses poupées. La fillette éclata en sanglots lorsqu'elle aperçu son pauvre jouet dans les mains de son ami, qui semblait également bien désemparé. Abordant un sourire réconfortant et maternel, Lorelei haussa un peu la voix. « Tommen, soit gentil avec Deana. Chaque chevalier et lord doit se montrer galant devant une lady. » L'enfant redonna la petite poupée à son amie, et s'assit près d'elle, essayant de la réconforter du mieux de son pouvoir, ce qui fit sourire la mère. Pourtant traditionnelle et honorable, jamais Lorelei n'avait porté de jugement envers la petite fille bâtarde d'Elenei. Peut-être parce qu'elles étaient tout simplement de bonnes amies, ou peut-être car la jeune dame avait ressenti la même chose, il y a très longtemps, envers un petit garçon du peuple. Dans tous les cas, mieux ne valait pas en vouloir à l'enfant qui n'avait pas choisit ses parents, mais pas non plus à la Lannister qui avait fait une erreur - sûrement regrettée. Bien évidemment, Lorelei ne fit point mansion de ces pensées et passa plutôt à autre chose, continuant à border avec dextérité. « Ils sont tellement mignons ensemble... Tommen deviendra certainement aussi brave que son père et Deana aussi belle que sa mère. » Elle sourit à Elenei, sans doute ces paroles avisées lui ferait plaisir. Pendant un instant, la dame continua à regarder les enfants qui s'étaient remis à jouer. Tant de plaisir émanait de leurs petites mises en scènes. Tommen était maintenant un brave chevalier qui venait sauver sa lady d'un dragon. Leur amitié fut sincère, et le petit garçon de quatre ans avait déjà demandé à sa mère s'il pouvait épouser Deana. Un peu étonnée de cette question, Lorelei rassura son enfant et lui raconta une jolie histoire pour s'endormir, sans revenir sur le sujet. Dans bientôt deux ans, Tommen pourra commencer son entraînement, et devenir écuyer d'un célèbre chevalier, et mariera en temps et lieux une jolie dame qui lui donnera bien des enfants. Jamais la Lannister n'avait envisagé lui faire épouser Deana, d'autant plus que c'était une bâtarde, néanmoins sympathique, polie et bien élevée. Le lionceau aurait le droit à une vie riche de pouvoir, alors que sa tendre amie d'enfance pourrait espérer épouser un fermier, rien de plus. À cette pensée Lorelei fut tiraillé. La petite faisait pitié, son destin était tant instable, à cause d'une bêtise de ses parents, elle aurait pu naître dans l'honneur mais ne l'était pas. C'était ainsi, et tout le monde devait l'accepter. ”

© charney

Lun 15 Avr 2013 - 1:21
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petits points & grands cœurs
« l'amitié se brode »

Les pleurs de sa fille tirèrent Elenei de son travail. Ou plus précisément, la Lionne releva franchement la tête pour porter un regard plein d’amour sur la fillette de quatre ans, le visage brouillé de larmes devant son jouet abimé. Dans le fond, elle n’avait jamais quitté Deana des yeux. Un œil sur son aiguille, l’autre, celui de mère carnivore, couvait la petite depuis le début, attentive au moindre de ses faits et gestes, surveillant de près le petit garçon qui jouait à vouloir faire le chevalier. Elle sentait l’imminente catastrophe, mais avait délibérément choisit de se taire, préférant attendre la réaction de l’enfant qui insouciante, jouait dans son coin sans se préoccuper de ce qui l’entourait. Une grave erreur qu’elle devait à présent payer, même si Lady Lorelei rappela son fils à l’ordre. « Tommen, soit gentil avec Deana. Chaque chevalier et lord doivent se montrer galant envers une lady. » Elenei sourit ; elle remercia en silence la jeune femme pour ne pas faire de remarque concernant le lignage de la petite, comme d’autres pouvaient le faire, ce qui avait le don d’agacer profondément Elenei. Et une nouvelle fois, bénit en silence les Dieux d’avoir donné à son neveu une jeune femme de la trempe de Lady Lorelei. Lorsqu’elles s’étaient rencontrées, la Lionne avait eu quelques a priori : jeune, plutôt coquète et provenant d’une région où il fleurait bon la liberté, Elenei craignait que la niaiserie qui anime traditionnellement les jeunes filles de bonne famille n’ait contaminé la sœur d’Oberyn Tyrell, leur nouvel allié. Une niaiserie qui serait loin de plaire à Garett. Mais il fallait bien se douter qu’en digne fille de Loren du Roc, Lady Elenei aurait pris ses précautions : elle avait contacté un fidèle espion installé à Hautjardin depuis peu et l’avait chargé de lui rapporter ce qu’il savait au sujet de la benjamine de la famille suzeraine du Bief. Et ce qu’elle avait appris ne l’avait pas déçue, tant et si bien qu’elle accueilli la future Dame de Castral-Roc les bras ouverts, un sourire chaleureux aux lèvres. Ce même sourire qu’elle arborait pour ses enfants, qu’elle avait aimés comme les dignes héritiers de son Seigneur neveu. « Regardez, ma chère, comme notre petit chevalier fait preuve de galanterie : je connais certains gaillards plus âgés qui, hélas, ne sont pas aussi bien élevés ! »

L'allusion à Lord Byron était discrète, mais bien pensée. Quatre années avaient beau avoir passées, Elenei ne digérait toujours pas son mariage avec sa détestable cousine. La guerre entre elle et Johanna n'en était que plus vive, et depuis que Byron siégeait au conseil où Elenei avait également sa place de droit, il n'était pas rare que le caractère démesurément orgueilleux de la Lionne ne prenne le dessus sur sa nature profondément sensible. A moins que cette même sensibilité la poussait justement à faire comprendre à son amant, son amour de toujours qu'elle avait toujours aussi mal qu'en ce jour où il lui avait annoncé la nouvelle, alors qu'elle lui présentait un nouveau-né. Depuis, si Elenei restait aimante envers les siens, et follement protectrice de cette petite qui hélas, n'avait comme sa mère pas pu hériter du nom de Reyne, la jeune femme était enfermée dans des mutismes volontaires et plus solitaire que jamais. Les seuls moments de sociabilité qu'elle passait, elle les passait en compagnie de sa nièce par alliance et surtout amie, Lorelei. Elles s'étaient associées sur un projet de splendide tapisserie qui viendraient orner les murs de la salle principale du château, contant les exploits guerriers des Lannister depuis leur ascensions en tant que suzerains de l'Ouest. Leurs aiguilles fines piquaient habilement dans le lin, et si le travail se faisait souvent en silence, il n'était pas rares que les deux femmes s'accordent ça et là une pause entre deux points pour discuter. Et par les Dieux, elles ne manquaient jamais de sujet de discussion ! Que ce soit le soleil cuisant de cet Eté qui n'en finissait pas et qui asséchait leurs récoltes, ou cette guerre qui faisait trembler leurs cœurs de femmes, Lady Elenei et Lady Lorelei passaient de plus en plus de temps ensemble. Elenei appréciait la jeune femme, qui en si peu de temps, s'était si bien acclimatée au paysage rocheux de Castral-Roc. Elle en était devenue la digne Dame, et la Lionne n'aurait jamais pu rêver meilleure compagne pour ce neveu qu'elle chérissait comme un frère. Et par conséquent, elle commençait de plus en plus à vouer le même sentiment à cette jolie fleur que la maternité épanouissait chaque jour un peu plus !

« Ils sont tellement mignons ensemble... Tommen deviendra certainement aussi brave que son père et Deana aussi belle que sa mère » La douce voix de Lady Lorelei arracha une nouvelle fois un sourire sincère à sa compagne de broderie. Délaissant un instant son ouvrage, Elenei pris alors la main de Lorelei qu'elle serra entre les siennes avec une pressions amicale et fraternelle. « Ma chère, Tommen ne serait pas ce petit garçon que nous chérissons tous profondément ici sans l'éducation que vous lui avez prodigué. Il tient de votre douceur et votre compréhension, et plus que jamais je suis fière et heureuse vous appeler famille, tous deux ! Quant à Deana... » Elenei se tourna vers sa fille qui venait de claquer ses lèvres sucrées contre la joue de garçon qui instinctivement, essuya sa peau du revers de sa main en éructant un grognement de dégoût. « Je crains ne pas pouvoir la renier ! Deana ! Venez par ici avec votre violon, je veux vous entendre faire vos gammes ! » Elenei marquait un point d'honneur à ce que sa fille excelle dans la pratique musicale. Dotée d'un joli brin de voix et d'une certaine oreille, la petite montrait tôt des capacités qu'il fallait exploiter. Car derrière, Elenei ne perdait pas de vue son éducation et son potentiel à épouser un seigneur, fusse-t-elle bâtarde d'une Lannister ! « Quant à nous, je vais nous chercher une carafe de vin frais. Cette chaleur est étouffante, n'est-ce pas ? »

© Chieuze

Lun 15 Avr 2013 - 10:26
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there is nothing more dangerous than a mother protecting her cubs
may be your child reminds you of that old innoncent days”
Tant de choses s'étaient passées depuis les dernières années : La tapisserie en faisait preuve, et un travail de plusieurs jours rapportait déjà ses fruits. Sur une dizaine de mètres était contée l'histoire des plus braves de Lannister et du peuple de l'Ouest, et bientôt, les jeunes femmes arrivèrent aux histoires plus récentes et même aux évènements de la guerre récente. Pour l'instant, l'alliance vivait toujours de feux ardents, et sans trop connaître les moindres détails, Lorelei savait que sa maison n'était pas dans une mauvaise position, chose qui pourrait être fatale à tous. La jeune lionne se contentait de soutenir du mieux son mari, quoique si souvent absent, et de vaquer aux occupations familiales et éduquer le futur Roi du Roc, qui semblait déjà sur le bon chemin. « Regardez, ma chère, comme notre petit chevalier fait preuve de galanterie : je connais certains gaillards plus âgés qui, hélas, ne sont pas aussi bien élevés ! » En effet, l'enfant montrait beaucoup de douceur et de gentillesse pour son âge : Selon Lorelei, un seigneur doit avant tout éprouver de la compassion pour son peuple que de la haine pour ses ennemis, c'était la clé pour gagner. Heureusement, lord Garett était également juste et intelligent, sachant mener la guerre malgré son jeune âge, chose qui lui avait souvent été reprochée. Mais sa femme avait toujours été à ses côtés, et ne le laisserait pas tomber de si tôt, après tout, il était son beau lion et son prince charmant qu'elle avait tant espéré. « Ma chère, Tommen ne serait pas ce petit garçon que nous chérissons tous profondément ici sans l'éducation que vous lui avez prodigué. Il tient de votre douceur et votre compréhension, et plus que jamais je suis fière et heureuse vous appeler famille, tous deux ! Quant à Deana... » Lorelei sourit devant de telles éloges, si Elenei savait bien faire quelque chose était en effet de trouver des qualités à chaque homme vivant sur Westeros, ce qui en faisait d'elle une lady parfaitement convenable. Au même instant, la petite Daena embrassa doucement lord Tommen sur la joue, qui passa son bras au même endroit, défigurant son visage d'enfant au passage, et la lady s'esclaffa un peu plus. L'aînée Lannister somma sa fille, et lui demanda de jouer quelques airs musicaux dont elle avait tant le rythme. Bientôt, un air familier résonna dans toute la salle, alors qu'Elenei se leva. « Quant à nous, je vais nous chercher une carafe de vin frais. Cette chaleur est étouffante, n'est-ce pas ? » En effet, l'Été ne semblait pas finir, et la couture était certes plus physique que l'on ne le pensait. Pendant un moment, Lorelei pensa à tous ces chevaliers dans leurs grandes armures de fer qui se battaient sur le champ, en ce moment même, et aux pauvres chevaux qui devait lutter contre la sécheresse, la famine et le sang. L'herbe jaunit n'était plus très bien irriguée, posant problème aux nombreux élevages qui grandissaient moins. Ainsi entrait dans un cercle vicieux la faim et la chaleur, et personne ne pouvait en prédire la fin. Lorsque Lorelei revint à la réalité, Elenei était déjà revenue avec des verres de vin bieffois. « Il me semble reconnaître les vignes Redwyne, n'est-ce pas? » dit la jeune dame en goûtant. Il n'y avait guère de quoi se tromper, le vin dornien n'étant plus importé à cause de la guerre, la Maison bieffoise était la plus célèbre pour ses vignes après les terres arides et sableuses. « Je vous remercie pour tant de compliments si bien placés, mais n'oubliez pas que vous-même et votre fille font partie intégrante des Lannister, sinon ces journées seraient bien tristes... Quand à la sécheresse, c'est bien la première fois qu'il me tente de dire que j'ai bien hâte à l'hiver. Dans quel terrible monde nous vivons! » Lorelei resta pendant quelques moments dans ses pensées, alors que le violon résonnait encore dans la salle. Tommen, qui n'avait plus de compagne de jeu, vint docilement s'asseoir près de sa mère, écoutant également les petits airs mélodieux joués par la jeune enfant. Si la compagnie d'Elenei lui plaisait bien, et était évidemment d'un grand secours, Garett lui manquait affreusement, si bien que le couple ne se voyait que presqu'à l'heure du coucher. La jeune Lannister remerciait tant son amie de la tenir occupée, et de ne surtout pas penser à la guerre qui était en cours. « Je vous dit trop peu souvent comment votre amitié m'est d'un tel secours. Lord Garett est bien évidemment préoccupé par des choses plus importantes depuis le début de la guerre, je n'ai eu que trop peu de temps afin de profiter de sa compagnie... Enfin, je suis désolée de vous importuner avec mes histoires inintéressantes. » La lady sourit un peu à son amie, avant de se relancer dans la broderie, enfilant habilement quelques fils de couleurs éclatantes pour parvenir à recréer avec justesse les évènements historiques. Soudain, la musique changea pour une valse plus entrainante, et Tommen se leva de sa petite chaise, se présentant devant lady Elenei. « My lady, pourriez-vous m'accorder cette danse? » demanda-il-, alors que ses petites joues devinrent toutes rouges. Lorelei s'esclaffa de bon coeur et commença à battre le temps avec ses mains, encourageant le nouveau couple à aller sur la piste de danse. ”

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Mar 16 Avr 2013 - 4:29
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petits points & grands cœurs
« l'amitié se brode »

Tandis que Deana égrenait les premières notes d'une chanson locale, Elenei revint avec une lourde carafe flanqué du blason familial et deux coupes en or massif où elle versa le liquide ambré. Elle tendit l'une des deux à Lorelei qui y trempa ses lèvres avant de sourire d'un air connaisseur. « Il me semble reconnaître les vignes Redwyne, n'est-ce pas? » Elenei acquiesça, puis prit elle-même une gorgée. La fraicheur du breuvage transperça alors sa chaire luisante sous la chaleur ambiante, et le goût sucré du vin chatouilla son palet. Se laissant bienheureusement tomber dans le fauteuil, Elenei poussa un soupir de bien être. « Par les Dieux, que cela fait du bien ! Et oui, la Treille a rendu d'excellentes vendanges et Sir Jeremy a la grâce de nous faire parvenir quelques tonneaux. Nous importions des vignes du domaine Veneur, fût un temps, mais... » La phrase resta en suspend, et pour noyer ses paroles, la jeune femme reprit un peu de vin. Si la guerre faisait rage au dehors, elle ne voulait pas l’amener dans cette pièce, avec les enfants alors qu'elles étaient de si bonne humeur. Elle savait que si le mot même venait à franchir ses lèvres, la peur qui la rongeait toutes les deux depuis cinq années maintenant referait surface et elles seraient mise devant la désarmante réalité : deux femmes dans la tourmente d'un conflit armé. Même si des exceptions existaient, à Dorne notamment mais également dans ces horribles Iles de Fer, on n'apprenait pas aux femmes l'art du maniement des armes. Aussi, elles étaient condamnées à attendre le retour des guerriers prodiges. Ou non. La pensée qu'un jour on apporte à Lorelei une nouvelle semblable à celle qu'elle avait elle-même reçue et qui lui annonçait le trépas de son cher Ethan. Elenei tremblait à cette idée. Et bu une nouvelle gorgée.

« Je vous remercie pour tant de compliments si bien placés, mais n'oubliez pas que vous-même et votre fille font partie intégrante des Lannister, sinon ces journées seraient bien tristes...Quand à la sécheresse, c'est bien la première fois qu'il me tente de dire que j'ai bien hâte à l'hiver. Dans quel terrible monde nous vivons ! » « Vraiment ? Pour tout vous dire, je préfère encore cette chaleur harassante au froid glacial ! La sècheresse a beau mettre à mal nos récoltes et rendre la vie disons, pénible, mais je frissonne à l'idée d'imaginer nos enfants six pied sous une neige sans fin...» Au même moment, Deana se trompa de note et un son strident retentit dans la salle. Elenei sursauta et posa son regard sur sa fille. Celle-ci se mordait la lèvre inférieure en haussant les épaules d'un air gêné. Elenei sourit. Comme elle grandissait vite ! Et comme elle lui ressemblait, mis à part ses long cheveux aussi bruns que ceux de sa mère étaient blonds. D'un sourire, elle l’encouragea à reprendre. Son oreille musicale était stupéfiante, mais elle avait encore le droit de faire des erreurs. Après tout, elle n'avait que quatre ans. « Ah ! Quand je pense que mon neveu était absolument terrifié à l'idée de vous rencontrer, ma chère. Je me souviens : il tournait comme un lion en cage, désemparé à l'idée que vous et vos frères ne pourriez vous plaire ici. Il harassait sans cesse nos gens, il voulait que Castral-Roc n'ait rien à envié à la Cour de Hautjardin et réclamait sans cesse des bouquets de fleurs... » « Je vous dit trop peu souvent comment votre amitié m'est d'un tel secours. Lord Garett est bien évidemment préoccupé par des choses plus importantes depuis le début de la guerre, je n'ai eu que trop peu de temps afin de profiter de sa compagnie... Enfin, je suis désolée de vous importuner avec mes histoires inintéressantes. »

Elenei tourna son regard vers Lorelei. Assise bien droite dans son fauteuil, la Dame de Castral-Roc souriait en piquant son aiguille dans le rugueux tissu. Elles avaient beau avoir tissé une amitié à travers les dernières années, mais Elenei n'en savait toujours pas assez. Elle semblait cacher une part d'elle-même derrière ce masque de beauté juvénile et fraiche comme la rosée au printemps. Mais pour lui avoir donné un magnifique petit garçon, elle devait aimer Garett d'un amour sincère et profond. Mais pour lequel elle semblait s'excuser. Elenei avait du mal à comprendre. Aussi, alors que sa fille entamait une jolie valse et que du haut de ses trois pommes, Tommen vint l'inviter à danser, la Lionne s'approcha de son amie. « Vos histoires ne sont ni importunes, ni inintéressantes. Elles sont les vôtres, et vous êtes autant partie de cette famille qu'Eresys l'est des Tyrell. Je suis fière de voir que le Roc compte une femme telle que vous à sa tête. Vous pouvez être fière de vous. Peut-être vous manque-t-il simplement un peu de confiance ? Quand à vous, petit monsieur, montrez moi un peu comment vous faites déjà chavirer le cœur d'une femme ! » D'un bond, Elenei attrapa la main du petit et commença à tournoyer avec lui au son du violon, un large sourire aux lèvres. Ce devait être cela que le bonheur.

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Jeu 18 Avr 2013 - 12:28
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war is for brave men and strong women”
Ah ce que la vie avait changé ces dernières années : En à peine cinq ans, le monde avait basculé, et certainement dans le sens où Lorelei ne s'attendait le moins. Finalement, elle s'était éprise d'un amour profond envers son mari et il lui vouait le même sentiment. Un joli petit garçon en résultat dès leur nuit de noces terminée, mais maintenant l'enfant se sentait bien seul sans frères ni soeurs. De ces jours, l'occasion manquait malheureusement aux parents, et le ventre de la jeune dame était cruellement plat. Lorelei trouvait toutefois des tonnes de réconfort chez Tommen, qui était devenu ses jours et ses nuits dès sa première respiration. Si la lady n'avait jamais beaucoup porté d'attention sur l'amour de sa mère envers elle, elle comprenait maintenant ce qu'était le sentiment maternel, au point d'en être fière. Cette voie l'avait également menée à recommencer à écrire aux Tyrell, en particulier à lady Grainne, espérant pouvoir s'excuser du mieux de ne pas toujours avoir été une fille facile. Si Lorelei avait pensé que le mariage allait exhausser tous ses voeux, elle n'avait jamais pensé qu'il viendrait à changer ses propres fondements et la rendre en lady encore plus mature et adulte qu'elle ne l'avait jamais été. Tout aurait été parfait si la guerre n'avait pas éclaté comme un boulet de canon et l'avait presque entièrement séparée de son tendre époux, alors qu'ils se trouvaient en permanence dans le même château. Alors que les premières années furent passées à travers moult divertissements, la vie était maintenant bien calme. Peut-être même trop calme. Lorelei s'habillait de façon simple mais remarquable, beaucoup moins extravagante qu'autrefois, les ardeurs du coeur étant certainement terminées avec le mariage. Certes, elle aurait pu commettre des erreurs, comme lady Elenei, mais jamais elle ne se serait abaissée à une chose pareille, même si elle chérissait sa belle-tante, qui était une de ses seules compagnes depuis tant d'années. Si les relations avaient été tendues au départ, on aurait dit que la jeune lionne s'était aperçue que Lorelei avait les épaules pour transporter le fardeau de grandes épousailles et de la guerre, alors que le temps passait. Bientôt, la jeune lady aurait un autre garçon - ou peut-être une fille - et cette seule pensée la réjouissait. Fallait-il seulement que le couple trouve un moment de repos et de solitude pour s'y adonner. À cette pensée, elle rougit un peu, puis se concentra de nouveau sur la tapisserie. Jamais elle n'avait été douée à la couture ou autre chose si manuelle, mais dès les premiers jours, la lady avait demandé à sa chère dame de compagnie de lui réapprendre la stricte base. Avec les enfants venait le don de la patience, et si Lorelei n'était toujours pas une couturière hors-paire, son talent fut nettement amélioré. « Vos histoires ne sont ni importunes, ni inintéressantes. Elles sont les vôtres, et vous êtes autant partie de cette famille qu'Eresys l'est des Tyrell. Je suis fière de voir que le Roc compte une femme telle que vous à sa tête. Vous pouvez être fière de vous. Peut-être vous manque-t-il simplement un peu de confiance ? Quand à vous, petit monsieur, montrez moi un peu comment vous faites déjà chavirer le cœur d'une femme ! » Les dires d'Elenei fit sourire la jeune lionne, et elle leva la tête vers cette dernière qui entrainait Tommen sur la piste de danse, alors que sa jolie robe virevoltait dans la chaleur de l'air. Elle fut contente de savoir que Garett était un bon père : Jamais n'aurait il soustrait l'enfant à la garde de Lorelei pour l'envoyer beaucoup trop tôt étudier l'histoire ou apprendre à se battre. Lorsque le jour viendrait où l'enfant deviendra écuyer, ce sera certainement avec l'accord des deux parents. Après tout, même si cette séparation lui briserait le coeur, elle sera toujours fière de son premier enfant qui deviendra certainement un grand chevalier. Tout comme son père. « Ne vous inquiétez pas, ma chère, je ne questionne en point ma place ici, puisque c'est maintenant le seul endroit au monde où je pourrais m'imaginer. J'espère seulement que cette guerre prendra fin le plus tôt possible, nous évitant tant de morts inutiles... » Ces dernières confidences la firent paraître un peu faible. En tant d'années, la jeune rose ne s'était-elle pas transformée en lionne? Mais pourtant, la guerre était-elle inévitable, ou hautement favorisante? « Si il est de notre devoir d'éprouver de la compassion pour ceux qui tombent au combat, jamais je ne douterais de notre réussite. Ma famille pourra toujours compter sur moi, aussi longtemps que je poserais mes pieds dans ce château. » Voilà qui faisait hautement plus noble. C'était la reine qui parlait, maintenant. ”

© charney

Mar 23 Avr 2013 - 1:14
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petits points & grands cœurs
« l'amitié se brode »

« Ne vous inquiétez pas, ma chère, je ne questionne en point ma place ici, puisque c'est maintenant le seul endroit au monde où je pourrais m'imaginer. J'espère seulement que cette guerre prendra fin le plus tôt possible, nous évitant tant de morts inutiles... » Toute à sa danse, ses doigts frôlant de temps à autres ceux du petit garçon, Elenei ne quittait pas Lorelei des yeux. Le regard maternel avec lequel elle couvait son petit achevait de réconforter la Lionne sur le sentiment qu'elle avait déjà deviné croitre au fil de ces cinq dernières années : née Tyrell, jonquille de Hautjardin avec tout ce qui s'en suivait, elle s'était attachée à Castral-Roc corps et âme en épousant Garett Lannister. Aussi, elle arborait le pourpre des lions comme si elle avait été élevée dedans, et portait le menton haut et fier comme une Lannister digne de ce nom. Mais en observant ainsi Lady Lorelei dans son bonheur, une main sur son ouvrage, un œil sur son enfant, Elenei ne pu s'empêcher de faire voyer ses pensées au delà du Trident et par delà les pleines verdoyantes du Bief. Au milieu des tapis de fleurs et des lierres grimpant le long du château de Hautjardin, une jeune Lionne était devenue Orchidée. Plantée dans une tour, une main sur un ventre désespérément vide car aucune graine n'était venue s'y déposer, Eresys Lannister vaquait à sa nouvelle vie en tant que Lady Tyrell. Les corbeaux qui lui parvenaient des plaines du Sud n'étaient pas sans calmer le tremblement qui la prenait par les mains chaque fois qu'elle laissait glisser son regard sur l'écriture élégante de sa nièce. Des mots qui se voulaient doux et pleins de quiétude n'arrivaient que peu à tromper celle qui pendant un temps, ne vivait qu'exclusivement par correspondance. Elenei était passée maitresse dans l'art de manier les mots, et Eresys avait beau lui compter fleurette et combien il était agréable de vivre à Hautjardin, la dernière image qu'elle avait gardée de Lord Harrys Tyrell la hantait encore.

A cette pensée, Elenei fit tournoyer une dernière fois le garçonnet sur lui-même avant de s'incliner en une légère révérence. Elle n'avait jamais questionné Lorelei à propos de son frère, et comme la dernière lettre de sa nièce se faisait attendre, la Lionne eut pour idée de commencer aujourd'hui. De son côté, Deana égrenait la dernière note de cette plaisante valse et se leva à son tour pour incliner la tête. D'un regard, elle interrogea sa mère : devait-elle jouer d'avantage ? « Si tu le souhaites, mon enfant, tu peux continuer. Mais j'y pense : il me semble que Gwendolyn a préparé un gâteau pour le goûté et pressé un jus de raisin ? Venez, les enfants, nous allons sonner ! » Redevenue enfant, Elenei se précipita sur une des petites cloches laissée à l'abandon sur le rebord de la cheminée éteinte et tinta d'un petit coup sec du poignet. L'espièglerie se lisait dans ses yeux, ainsi que son évidente gourmandise. Les cuisines de Castral-Roc n'avaient rien à envier à celles du Donjon Rouge, et la Lionne la première en était une grande amatrice. Elle était incapable de résister aux sucreries à base de pâte d'amande ou de fruits rouge de la grosse Gwen, qui l'avait déjà nourrie petite fille. Il semblait d'ailleurs que cette femme avait vu grandir tous les lionceaux du Roc, tant elle avait d'histoires à conter tout en raclant ses fourneaux. Les enfants avaient déjà pu goûter à ses merveilles et, en entendant l'idée, se précipitèrent dans les jupes de la Lionne, les yeux tout aussi brillants que les siens. Ils n'eurent pas longtemps à attendre : la lourde porte de chêne s'ouvrit sur Lyla, servante personnelle de Lady Elenei qui, après une révérence, prit les ordres de sa maitresse et repartit en direction des odorants sous-sols où la magicienne des marmites se mettrait à l'ouvrage. Les enfants se prenant par la main et reprenant leurs jeux, non sans guetter avidement le retour de Lyla avec les victuailles, Elenei se rassit près de Lorelei et reprit son travail.

« Si il est de notre devoir d'éprouver de la compassion pour ceux qui tombent au combat, jamais je ne douterais de notre réussite. Ma famille pourra toujours compter sur moi, aussi longtemps que je poserais mes pieds dans ce château. » Elenei saisit la balle au bond ; les enfants occupés et le vin aidant, elles auraient tout loisir de parler librement. Il fallait qu'elle sache. Ou du moins qu'elle puisse se faire une idée de la personne à laquelle elle avait délibérément vendu sa nièce. « Une famille qui peut doublement compter sur vous et les vôtres... Mais dites-moi, avez-vous reçu des nouvelles de Hautjardin récemment ? Le dernier corbeau que je reçu d'Eresys remonte à plusieurs semaines et vous me connaissez : j'ai tendance à facilement m'inquiéter. »

© Chieuze
Lun 29 Avr 2013 - 13:21
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there is nothing more dangerous than a mother protecting her cubs
hear me roar”
Pendant un moindre instant, les yeux de la lady contemplèrent la grande fenêtre, qui ouvrait sur un autre monde. D'ici, il était possible d'entendre les vaguelettes se frapper contre la paroi des plus hautes falaises du monde, dans un souvenir oublié où la mer rugissait entre les rochers. Elle entendait au loin la musique, jouée par la petite bâtarde, comme si elle appartenait désormais à un autre monde. Soudain, elle sentit presque que l'océan l'appelait, et Lorelei se leva doucement, abandonna sa broderie, afin que ses yeux puissent s'égarer pleinement dans l'horizon invisible. Une légère brise secoua ses cheveux alors que ses mains pâles touchèrent la pierre chaude qui servait de balustrade. Elle ferma un instant les yeux, et s'imagina de nouveau à Hautjardin, simplette enfant qui courait entre les pavés et les parterres de fleurs, une rose blanche dans les cheveux. Regrettait-elle cet instant-là? Peut-être, un peu, au fond d'elle-même. Mais jamais elle ne l'avouerait. Après tout, dès l'instant que la Lannister s'était adaptée, lord Garett devait mener conquêtes et batailles. Triste sort pour la jeune épouse, qui après cinq ans, n'avait pas eu la chance de lui donner un deuxième héritier. Pourtant, elle rêvait sans cesse que son beau lion vienne la rejoindre dans le lit, mais elle s'endormait avant qu'elle puisse entendre ses pas rassurant s'approcher d'elle. Lorsque l'aube se levait sur un nouveau jour, le suzerain était déjà parti, laissant le lit conjugal dans une tempête de draps blancs, et une femme solitaire. Si au moins il n'y avait point de guerre. Lorelei ne serait pas autant déchirée par les siens et sa soeur. Elle pourrait facilement voyager, revisiter tous les endroits qu'elle aurait rêvé de voir. Mais non. Prisonnière entre les quatre murs d'une forteresse, si dorée soit-elle, mais cruellement vide de vie. Le carillon des domestiques la réveilla, alors que lady Elenei somma une collation pour les enfants. Poussant un petit soupir silencieux, Lorelei revint s'asseoir auprès de son amie, mais ne put guère avancer le travail. N'étais-ce pas inutile, toute cette couture, alors que tant d'hommes mourraient? Si la jeune femme n'avait jamais appris à manier d'armes, ou encore à parler de politique, elle se sentait de plus en plus minuscule dans tous ces jeux stratégiques. « Une famille qui peut doublement compter sur vous et les vôtres... Mais dites-moi, avez-vous reçu des nouvelles de Hautjardin récemment ? Le dernier corbeau que je reçu d'Eresys remonte à plusieurs semaines et vous me connaissez : j'ai tendance à facilement m'inquiéter. » Les paroles de lady Elenei la ramenèrent à la réalité. Mais elle douta un instant : Qu'est-ce que la lionne voulait dire? Insinuait-elle que les Tyrell n'étaient point capable de s'occuper d'Eresys? Voyant que les enfants étaient occupés dans leurs jeux, Lorelei prit son amie par la main, et l'entraîna vers le balcon fait en marbre. Défroissant sa robe pourpre, elle posa les deux mains sur la rambarde et fixa son regard très loin, avant de répondre à la question d'une voix assurée. « Je ne communiques guère avec ma famille, ces derniers temps, tout le monde est occupé un peu de son côté. » Non, ce n'était certes pas la réponse attendue. En épousant Garett, Lorelei avait fait le serment - à elle-même - de devenir une vraie lionne. Si elle avait encore du travail à faire, elle reconnaissait que ces paroles n'étaient pas à la hauteur. La jeune dame se tourna vers lady Elenei, et tenant toujours ses mains, la fixa bien dans les yeux. « Je vais être franche. Sachez que lady Eresys est en parfaite sécurité à Hautjardin. Mon lord frère Harys est un homme juste, et je suis certaine qu'il est un époux de haute convenance. Je doute même qu'elle sache qu'il y a une guerre en cours, elle sera plutôt occupée par les jardins que par le sang. » À cette évocation, qui décrivait si bien la Lorelei de l'époque, elle sourit du coin des lèvres. « Si vous voulez mon avis, nous n'attendrons guère longtemps avant d'apprendre qu'un petit Tyrell sera à naître. » ”

© charney



Spoiler:
Sam 11 Mai 2013 - 20:39
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Anonymous
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petits points & grands cœurs
« l'amitié se brode »

Calée dans son fauteuil, sa coupe de vin portée à ses lèvres, Elenei ne quittait pas Lorelei de son regard observateur. Elle avait conscience que sa question provoquerait chez sa belle-nièce quelque réaction, et ne voulait rien en perdre, chaque détail pouvant être révélateur. Non pas qu'elle ne lui faisait pas confiance, au contraire. Elle avait eu la chance de s'entretenir avec la jeune fille peu avant son mariage, et avait décelé chez elle un sincère désir de se donner corps et âme à son époux et à sa famille. Et lorsqu'elle avait prononcé les paroles sacrées et s'était unie à Garett, Elenei avait pu lire dans le regard de la jeune épousée que rien ni personne ne lui ferait regretter sa nouvelle vie aux côtés d'un époux dont il était évident qu'elle s'en était éprise. Aussi, devant un mariage si réussi, pouvait-on reprocher à la Lionne de vouloir s'assurer qu'Eresys connaissait le même bonheur ? La blessure de la séparation était encore trop vive, même après cinq années écoulées, pour qu'Elenei se contente de corbeaux trop espacés dans le temps pour s'assurer que dans sur les terres colorées des Tyrell, sa nièce goûtait à la même volupté que la jeune sœur de Lord Oberyn. Il fallait qu'elle sache, et ne faisait guère confiance qu'à Lorelei, elle avait pris le parti de lui poser sans détour mais en gardant suffisamment de tact une question qui ne souffrait qu'une réponse de la même qualité.

Après quelques secondes de silence, Lorelei se leva et, prenant sa main, elles parcoururent les quelques mètres qui les séparaient du balcon qui donnait sur la baie de Port-Lannis. A perte de vue, l'océan étincelant sous le soleil d'été et il leur parvenait de loin les cris des marchands offrant à qui voudrait l'entendre fruits, étoffes et autres produits qui faisaient la réputation et la richesse du deuxième port de Westeros. Les mains posées sur la balustrade de marbre, la jeune suzeraine fixait l'horizon tandis que le vent salé se permettait de jouer dans ses cheveux. Elle était de celles qui avaient une grâce naturelle, cette tenue que l'on n'enseignait qu'à Hautjardin à l'ombre des remparts bordés de lierre et où les violons s'accordaient au rythme des moissons. Il y avait chez ce peuple qui fleurait bon le printemps sans fin et la joie de la jeunesse éternelle, ce petit quelque chose qui faisait que chacun cultivait sa part de bonheur en vivant au jour le jour, sans se soucier de ce que le voisin pouvait bien comploter en secret. Était-ce avec cette même insouciance que sa nièce évoluait dans sa nouvelle demeure ? « Je ne communique guère avec ma famille ces derniers temps, tout le monde est occupé un peu de son côté. » La voix douce de sa compagne la ramena à la réalité, mais Elenei fronça les sourcils. Était-ce là tout ce que Lorelei était en mesure de lui dire ? Secouant la tête d'un air résigné, la Lionne détourna le regard et voulu retourner à sa broderie mise de côtés. Après tout, si la jeune femme avait tant de difficultés à lui parler franchement, elle ne pouvait la brusquer et cette discussion demanderait bien du travail. Mais la main de sa compagne la retint. Se retournant, Elenei lu dans les yeux de la jeune femme une nouvelle lueur de détermination. « Je vais être franche. Sachez que Lady Eresys est en parfaite sécurité à Hautjardin. Mon Lord frère Harys est un homme juste, et je suis certaine qu'il est un époux de haute convenance. Je doute même qu'elle sache qu'il y a une guerre en cours, elle sera plutôt occupée par les jardins que par le sang. » Cette fois-ci, Elenei leva un sourcil d'étonnement. Eresys avait beau être une fleur délicate, elle était loin d'être stupide. Lorelei pouvait-elle sérieusement penser que sa nièce ne soit pas au courant des conflits qui agitaient le continent tout entier ?

« Si vous voulez mon avis, nous n'attendrons guère longtemps avant d'apprendre qu'un petit Tyrell sera à naître. » « Et c'est mon souhait le plus cher, rassurez-vous !» Elenei reprit avec bonheur les mains de sa compagne dans les siennes ; cependant, elle considérait la jeune Lorelei avec tant d'estime qu'elle ne pouvait lui cacher ses derniers doutes. « Pardonnez ma question si elle vous a offensée, mais qu'y puis-je... Vous ne pouvez que comprendre mon inquiétude quasi maternelle pour ma jeune nièce, elle n'était encore qu'un nourrisson lorsque son pauvre père, mon frère Eddard, quitta ce monde... Depuis, je la considère comme une fille au même titre que ma Deana. Je ne pourrais souffrir de ne pas la savoir aussi heureuse que vous l'êtes auprès de nous. » A son tour, Elenei laissa son regard prendre le large, ses souvenirs de la visite des roses dorées refaisant surface. « Je ne connais pas suffisamment votre frère, et dans le court instant où je l’aperçu, je ne saurais me risquer à un jugement... Ce pourquoi je m'en remets à vous : vous êtes autant délégataire de ma confiance que n'importe quel membre de ma famille. Et ayant vécu dans le giron de vos aînés, je gageais que vous pourriez me rassurer... »

© Chieuze
Dim 19 Mai 2013 - 14:53
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